Accueil Panorama Esquisse : Mohamed Tlili, un rebelle sur les hauteurs

Esquisse : Mohamed Tlili, un rebelle sur les hauteurs

 

On ne sait si Hamma Tlili, comme le surnomment ceux qui l’affectionnent, est indissociable du Kef ou si celui-ci, dans sa version contemporaine, est indissociable de lui. Ce qui est sûr, c’est qu’ils sont solidement chevillés l’un à l’autre. On ne parle pas du premier sans évoquer le second. Deux jours en arrière, Mohamed Tlili fêtait son soixante-quinzième printemps en escaladant avec un groupe de visiteurs la Table de Jugurtha, sa citadelle idéologique qui représente dans sa tête le symbole de la résistance numide à toutes les invasions. Et, en toile de fond à la Numidie, on discerne très nettement l’identité amazighe.

Fidèle, donc, aux origines mais remuant. Très remuant. D’où un parcours marqué par de nombreuses aspérités qui traduisent autant d’offensives (et de conquêtes) que de retraits tactiques et de renoncements provisoires.

Mohamed a vu le jour, en 1949, dans les hauts d’une ville déjà haut perchée, dans le quartier dit Houmet Meziane, non loin du «palais présidentiel» érigé dans les années 60 du siècle dernier pour accueillir le président de la République d’alors, Habib Bourguiba, 10 jours par an et seulement pendant quelques années. Il en garde le souvenir vivace et douloureux de la destruction d’une partie du quartier pour faire de la place autour du palais, de l’interdiction de l’usage des mortiers dans son voisinage et, ajoute-t-il avec la pointe d’humour propre à ceux qui n’en peuvent mais… : «C’est tout juste si on n’a pas interdit aux coqs de chanter !» pour ne pas déranger les illustres voisins.

Mohamed décroche son bac en 1969 et «descend» à Tunis pour s’inscrire en fac. Il n’y restera qu’une saison universitaire avant de «monter» à Paris y poursuivre des études en histoire à l’université Paris VIII. Il en revient en 1974, riche de son diplôme qui lui permettra d’intégrer l’Institut national d’archéologie et d’art (INAA, ancêtre de l’actuel Institut du patrimoine-INP) mais aussi d’un «esprit guévariste» qui le conduira à prendre son maquis à lui, la ville du Kef, dont il estimait qu’elle devait effectuer une véritable révolution, celle de la prise de conscience de ses richesses naturelles et patrimoniales. En effet, grâce à la complicité du directeur de l’Institut, il parviendra à décrocher un poste «en province», privilège qui, à l’époque, n’avait été accordé qu’à la ville de Sfax. Et voilà qui ouvrait à l’esprit rebelle de notre jeune chercheur de belles perspectives d’action multiforme.

(A suivre)

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